Return to play ? Ce que dit la littérature scientifique !
L’été va bien toucher à sa fin (😢) marquant la fin des vacances ensoleillées et le début d’une nouvelle saison sportive pour nos athlètes. Pour les sportifs de haut niveau comme pour leurs équipes médicales, c’est une période de transition cruciale qui va grandement impacter la saison à venir. Reprendre le sport à un niveau hautement compétitif tout en s’exerçant en toute sécurité et dans des délais raisonnables : voilà la pression que subissent nos sportifs. C’est ce que l’on va appeler “le return to play” (retour au jeu), un terme qui englobe bien plus qu’un simple retour à la pratique sportive.
Return to play : un moment décisif
Le terme return to play est plus fréquemment utilisé pour désigner le travail réalisé par les équipes médicales pour permettre à un joueur blessé de reprendre la compétition. C’est le feu vert donné par les praticiens pour remonter sur le terrain.
Pour nos joueurs qui reviennent d’Ibiza avec 3kg en plus, la préparation physique et mentale pour retourner sur le terrain sera d’une tout aussi grande importance. En effet, le return to play est le moment où l’envie de retrouver le terrain et d’égaler, voire de surpasser, les performances de la saison précédente se mêle à la nécessité impérative de s’entraîner avec précaution. Mais comme dans tous les domaines, la recherche de performance peut vite conduire à de la négligence et à la précipitation… Et dans le cas de nos sportifs, les faux pas peuvent mener à des ligaments croisés ou bien d’autres blessures qui peuvent rapidement mettre un terme à la saison en cours… Ou du moins la compliquer !
Comme mentionné au début de cet article, le return to play correspond à l’habilité d’un joueur à remonter sur le terrain. Dans le cas de la reprise suite à une blessure, cette décision ne sera pas prise à la légère. Et encore moins aujourd’hui. Avant, seule la décision d’un chirurgien pouvait faire valoir de feu vert. En d’autres termes, il établissait une date de reprise selon la blessure, et cela s’arrêtait là. Retour à l’entraînement et/où à la compétition.
Vous voyez le problème vous aussi n’est-ce pas? Reprendre le sport c’est bien, mais reprendre le sport en sécurité, c’est encore mieux. Surtout pour les sportifs professionnels pour qui une blessure peut affecter toute une saison, voire toute une carrière. Cette période de transition entre la blessure ou l’arrêt de sport durant une période déterminée, et la reprise du jeu sera donc cruciale. 5 étapes ont été soulevées par Grégory Marquet, préparateur physique de l’ex-TOP 14, lors de son interview par Med’Score.
- La réalisation de tests pour savoir si l’on peut revenir à l’entraînement sans réel déficit
- La réathlétisation
- La préparation physique
- Le retour à la compétition (return to play)
- Le retour à la performance.
Des étapes confirmées par le Consensus statement on return to sport from the First World Congress in Sports Physical Therapy 2016 à Berne qui parlait de :
- Retour à la participation : L’athlète est physiquement actif, mais n’est pas encore « prêt »,
- Retour au sport : l’athlète a repris le sport mais il n’atteint pas le niveau de performance souhaité bien que certains peuvent être satisfaits d’avoir atteint ce stade,
- Retour à la performance : l’athlète réalise des performances égales ou supérieures à son niveau de blessure.
Tout au long de ces étapes, des tests fonctionnels et psychologiques vont être réalisés, qui vont permettre de déterminer la date butoir du return to play. Ainsi, la décision ne reposera plus uniquement sur le temps de convalescence estimé d’une blessure et sur le ressenti du joueur qui, de façon inéluctable, fera en sorte de retourner sur le terrain le plus rapidement possible.
Le Return to Play dans la littérature scientifique
Ce nouveau processus de return to play semblerait être la clé pour limiter le risque de rupture et/ou de re-rupture d’un muscle suite à la réinsertion sur le terrain. Dans ce contexte de retour à la compétition, de nombreuses études ont été menées pour déterminer le pourcentage de récidive de blessures musculaires chez les athlètes. Un pourcentage qui varie selon le sport pratiqué, le type de blessure ainsi que la population spécifique étudiée, mais qui peut malgré tout s’élever jusqu’à 30%. Un taux qui semblerait s’atténuer en s’assurant de l’habilité du joueur à retourner sur le terrain. Psychologiquement et physiquement.
La validation de tests psychologiques
L’aspect psychologique apparaît dans de nombreuses études ( Pain in elite athletes-neurophysiological, biomechanical and psychosocial considerations: a narrative review, et le Consensus statement on return to sport from the First World Congress in Sports Physical Therapy) et est désormais une partie indissociable du RTP. Une blessure, ou une longue pause dans sa pratique sportive peut mettre au défi la résilience d’un athlète, mettre à l’épreuve ses nerfs, sa patience, et peut altérer ses décisions en ce qui concerne son retour au jeu. Il sera donc important de suivre l’athlète tout au long de ce processus pour l’aider à accepter son statut actuel, tout en gardant la motivation et la confiance pour l’avenir. Des tests tels que le Sirsi qui a été validé scientifiquement, permettent cette auto-évaluation.
Petit aparté : si vous êtes intéressé.e par l’impact psychologique que peut avoir l’arrêt du sport chez les athlètes, je vous recommande la lecture de cet article 😉: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27285354/
La validation de tests physiques
Maintenant, passons aux tests physiques, où chaque saut devient une évaluation minutieuse des déficits musculaires. En effet, les évaluations des sauts jouent un rôle essentiel dans le processus de retour au jeu. Ils révèlent les faiblesses cachées et les forces dominantes. Pour les athlètes comme pour les praticiens, ces données sont précieuses car elles vont pouvoir indiquer si oui ou non le corps est prêt pour reprendre l’activité. Et si ce n’est pas le cas, elles vont indiquer les déficits à combler. Qui aurait pu penser qu’un simple saut pouvait en dire autant… Enfin bref, tout ça pour vous dire, que certains critères d’évaluation reviennent régulièrement dans la littérature, et ces critères sont : la motricité, le contrôle neuro-musculaire, l’équilibre musculaire, et la force. Et c’est sûrement pour cette raison que les tests isocinétiques et K-START sont les plus mentionnées dans le succès du RTP. Le Bilan Blueback Physio pourrait également être utilisé dans ce contexte. Il apporterait des données objectives sur la capacité d’intégration du transverse de l’abdomen pour une réintégration en toute sécurité.
Toutes ces évaluations seront additionnées à des tests cliniques. Et par la suite, s’ensuivra tout le travail de réathlétisation, d’endurance, et de résistance à la fatigabilité.
Vous l’aurez compris, la préparation pour le return to play ne se résume pas à une simple étape. C’est un processus complexe qui demande l’engagement de divers professionnels médicaux et sportifs. Chaque test, chaque évaluation et chaque étape contribuent à façonner le retour réussi des athlètes sur le terrain. Reconnaître, évaluer, réévaluer, reposer, réhabiliter, orienter, récupérer, reprendre le sport, reconsidérer, séquelles et réduction des risques. Voilà ce qu’implique le return to play.