L’endométriose: quel rôle pour le kinésithérapeute?
Aujourd’hui, la Blueback Team s’est penchée sur un sujet qui lui est cher, l’endométriose.
L’endométriose est une pathologie très fréquente qui touche actuellement 1 femme sur 10. On estime qu’environ 40% des femmes ayant des douleurs pelviennes chroniques, en particulier pendant les menstruations, sont touchées par l’endométriose. Mais le fait le plus alarmant, est que le temps moyen de diagnostic de cette pathologie reste aujourd’hui extrêmement long: longtemps associée à de “simples” douleurs de règles, et donc banalisée, cette pathologie a été négligée et on souffre donc d’un défaut de diagnostic. Des études montrent que le délai entre l’apparition des premiers symptômes et la confirmation du diagnostic varie entre 5 et 12 ans!
Les symptômes peuvent être nombreux et variés, selon les femmes. On peut retrouver:
- Douleurs pelviennes, souvent associées aux menstruations (dysménorrhée)
- Douleurs pendant ou après les rapports sexuels (dyspareunie)
- Douleurs lors des selles ou de la miction, surtout pendant les règles
- Saignements menstruels abondants ou irréguliers
- Infertilité ou difficulté à concevoir
- Fatigue, diarrhée, constipation, ballonnements, et nausées, surtout pendant les menstruations
L’étiologie de l’endométriose est encore inconnue mais plusieurs hypothèses sont soulevées, comme par exemple:
- Menstruation rétrograde : une situation où le sang menstruel contenant des cellules endométriales reflue dans les trompes de Fallope et la cavité pelvienne au lieu de quitter le corps.
- Transformation de cellules péritonéales : les hormones ou des facteurs immunitaires peuvent transformer les cellules péritonéales en cellules endométriales.
- Transport des cellules endométriales : par le système lymphatique ou sanguin.
- Facteurs génétiques : l’endométriose peut être plus fréquente chez les femmes ayant des antécédents familiaux de la maladie.
Malheureusement à ce jour, il n’existe pas de traitement systématiquement efficace pour soulager les patientes. Plusieurs options peuvent être proposées néanmoins, pour accompagner au mieux le quotidien et tenter de réduire les symptômes en vue d’améliorer la qualité de vie:
- Médicaments anti-inflammatoires : pour soulager la douleur.
- Thérapies hormonales : pilules contraceptives, agonistes ou antagonistes de la GnRH pour réduire ou éliminer les menstruations.
- Chirurgie : pour enlever autant de tissu endométrial que possible tout en préservant la fertilité.
Les traitements médicamenteux recherchent principalement à agir sur la douleur et à stabiliser les lésions:
- antalgiques,
- anti-inflammatoire,
- analgésiques (opiacés ou dérivés).
L’hormonothérapie consiste à mettre la patiente en aménorrhée via une cure d’oestroprogestatifs (ou SIU au LNG à 52mg) afin de réduire les symptômes, qui sont souvent majoritaires pendant les périodes de règles [13]. En seconde intention, et seulement dans certains cas, il peut aussi être proposé:
- une cure de ménopause artificielle à base d’injections d’analogues de la GN-Rh (avec add-back en parallèle pour diminuer les effets secondaires induits),
- la contraception microprogestative orale au désogestrel,
- l’implant à l’étonogestrel
- le diénogest
Aujourd’hui, le traitement hormonal présente des bons résultats dans certains cas, même s’il doit dans un premier temps être suivi pendant un temps long pour commencer à donner des signes d’amélioration.
En cas d’échec de l’hormonothérapie, une chirurgie peut être proposée. Pour éviter au maximum la récidive, l’exérèse doit être la plus complète possible. La complexité de l’intervention chirurgicale est fonction de la localisation et du type des lésions observées.
La technique des Ultrasons Focalisés de Haute Intensité (HIFU) est actuellement à l’étude pour proposer une chirurgie mini-invasive sur certains cas d’endométriose rectale (Etude ENDO-HIFU-R1, Clinical Trial NCT04494568).
Le mois dernier, nous vous avons proposé un Preuve à l’Appui spécifique à l’endométriose, ayant pour objectif de faire le tour de la littérature scientifique récente sur le sujet du rôle du kinésithérapeute dans l’endométriose, et plus particulièrement sur le sujet du lien entre l’activité physique et les symptômes de l’endométriose.
Vous souhaitez en savoir plus et accéder à ce document? Pas de souci, il est en lecture complète ICI.
Pour les personnes qui souhaitent se renseigner sur le sujet, de nombreuses associations de praticiens, et de patients se sont créées récemment. Elles sont parfois nationales, parfois en relais de façon locale, et parfois spécifique. La liste ne sera pas exhaustive, mais nous pouvons vous inviter à visiter ces pages:
- ENDOFRANCE, association Française de lutte contre l’endométriose: https://endofrance.org/
- ENDOmind – association Française d’action contre l’endométriose: https://www.endomind.org/association
- Info-endométriose – association à visée d’information, d’éducation et de formation : https://www.info-endometriose.fr/notre-asso-en-quelques-mots/notre-histoire/
Relais en Région:
- ENDOBREIZH – filière de santé bretonne pour la prise en charge de l’endométriose : https://www.endobreizh.com/
- EndoBFC – réseau d’expert et filière de soin de lutte contre l’endométriose : https://endo-bfc.fr/
- EndAURA – filière de soin en Auvergne Rhône Alpes : https://www.endaura.fr/
- EndoCentre – filière de santé pour la prise en charge de l’endométriose dans la région Centre-Val de Loire: https://www.endocentrevdl.fr/
- AFNA – Association Filière Endométriose Nouvelle Aquitaine: https://www.afena.fr/
- Et plein d’autres encore.
De nombreux centres d’expertises se créés également en région et localement dans certaines villes, proposant de référencer et de rassembler les professionnels de santé et de soins spécialisés dans la prise en charge. Ceci permet en effet aux patients d’identifier facilement les bons interlocuteurs, tout en facilitant l’échange et la prise en charge pluridisciplinaire, essentiels dans cette pathologie.